TAPIS DES AIT SOUKHMANES
Le terroir des Ait Soukhmanes est situé administrativement au sien de la région de Béni Mellal-Khenifra qui située au centre du Maroc, elle englobe la plaine de Tadla, Son chef-lieu est la provinces de Béni Mellal, Khenifra et Azilal dont majoritairement berbères alors que les provinces de Kheribga et Fqih Ben Saleh dont majoritairement arabes .
cette région regroupe cinq provinces :
- la province de Béni Mellal
- la province d'Azilal
- la province de Fqih Ben Saleh
- la province de Khenifra
- la province de Kheribga
La région de Béni Mellal-Khenifra est limitée à l'ouest par les régions de Casablanca-Settat et Marrakech-Safi, au sud par celle du Daraa-Tafilalet, à l'est par la région de l'orientl et au nord par les régions de Fes-Meknès et Rabat-Salé-Kenitra.
cet ensemble géographique diversifié tant sur le plan physique que climatique permet une grande diversité des activités avec notamment, l'agriculture et l'artisanat.
Le terroir étant dans une région climatique connue pour ses hivers rudes et enneigés ainsi de grandes amplitudes thermiques entre l'été et l'hiver, il n'est pas étonnant que le tissage des tapis en laine soit un savoir-faire confirmé localement.
Aussi, le secteur de l'artisanat s'impose comme un secteur important par lui-même mais également par son effet sur d'autres secteurs que sont le tourisme et le commerce.
Cela est favorisé en outre par le fait qu'il s'agit d'une <<Région carrefour >>, proche de grands centres pilotables dans l'artisanat ( bois, argile, laine, produits agricoles du teroir...), et bien entendu , la région héberge une population qui maîtrise le savoir-faire requis dans de nombreux métiers.
Le système de signes et symboles qu'on retrouve dans le tapis d'Ait Soukhmane invite à une analyse qui distingue le dessin en soi, qui est le signifiant, et la compréhension ou le décodage dont il est l'objet, c'est-à-dire le signifié.
Afin de mieux saisir la complexité du signe et du symbole, on a généralement recours à la << loi de filiation >> élaborée par la psychologue Erna Van de Winckel, et qui permet d'accéder à l'inconscient collectif est entre autres basé sur une théorie l'archétype de Jung qui estime que tous les hommes cumulent en mémoire les expériences de leur passé et partagent ainsi un héritage mental commun qui se réfugie dans les profondeurs de l'inconscient.
Les communautés humaines mémorisent en particulier leur rapport au monde à travers les éléments fondamentaux que sont :
- L'aire : associé au vent, au ciel, aux oiseaux ....
- Le feu : associé au volcan, à la foudre, à l'éclaire ....
- L'eau : associée à la vie et aux créatures aquatiques
- La terre : repère essentiel associé à la générosité, au champ, à la foret ......
Au-delà de leur association au mystère de l'univers, ces quatre éléments sont également liés au monde animal et végétal , cela est particulièrement affirmé dans le tapis rural du moyen atlas car, au cours des siècles, la population berbère montagnarde a évolué dans un environnement qui offre à l’émerveillement les créations de Dieu : montagnes, cascades, fauves, rochers, forets, insectes... ce qui permet à l'ethnologie de mieux comprendre la symbolisation dans une communauté humaine, notamment par le biais des correspondances qui relient le visible et l'invisible, le perçu et le ressenti, le physique et le mental... Les peuples monothéistes (chrétiens, juifs, musulmans), se considérant comme des créatures de Dieu, voient également le monde comme une oeuvre de Dieu et traduisent ce sentiment profond de mille et une manière, allant du rite de la prière aux dessin !
Cette référence à l'univers dans le terroir montagnard, est également révélée par le rapport à l'eau , l'eau qui à toujours occupé les esprits des populations vivant de l'activité agro-pastorale, qu'elle jaillisse des sources, s'écoule en cascade ou fasse suite à la fonte des neiges.
Elle demeure associée à la pluie, la fertilité de la terre; la fécondité des troupeaux et continue à alimenter l'imaginaire collectif.
Les éléments communs aux terroirs se traduisent tout naturellement dans la technique du tissage et dans l'aspect technique et artistique des tapis.
l'ornementation des tapis se traduit par une multitude de figures et de couleurs qui ce répertoire des populations berbères qui est très riche de signes présente une dominante géométrique, notamment à travers les triangles et losanges arrangés de diverses manières et qui coexistent avec des motifs figuratifs stylisés, En observant ces dessins, on ressent le désir manifeste de représenter la nature dans ses divers éléments. Ainsi, Les triangles soulignent une signification particulière car ils symbolisent les montagnes, donc la terre. Leur base peut consister en une bande de chevrons ou de losanges allongés, comme ils peuvent être dessinés de manière à avoir virtuellement une base commune et constituer des losanges, lesquels losanges reproduits en enfilade reproduisent le thème récurrent << KAN RZAM >> ! En ce qui concerne les motifs animaux, les plus fréquents sont le serpent, la patte du lion, l’arête de poisson , l'araignée... qui rappellent la nature et traduisent des croyances, le serpent protège les céréales et préserve les sources d'eau, les poisson évoquent le milieu aquatique, source de vie, etc... Dans le même ordre d'idées, on trouve le << MENCHAR >> sous forme de ligne dentés qui figure la scie, outil incontournable historiquement en milieu forestier !
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